Ca va faire 5 ans bientôt...

Je ne pensais pas que le temps pouvait passer aussi vite... Je m'accroche au sol ferme pour ne pas sombrer dans mon puit intérieur... Je résiste pour le moment...

Quand elle est morte, ma mamie n'a voulu ni fleurs ni plaque lors de son incinération. Tout les ans, je vais déposer une rose, rose la plus part du temps, je sais qu'elle les aimait.
L'année dernière, quand j'ai demandé à ma mère de m'emmener au cimetière du funérarium, je l'ai sentie pennée, mais elle m'a emmenée et même accompagnée jusqu'au coin des incinérés. Ce coin est bizarre une petite parcelle de cailloux gris de deux mètres de long pour un mètre de large.
Lorsque je me suis penchée pour poser ma rose, les joues rougies par le froid du mois de novembre et les yeux remplis de larmes, je me suis retournée vers elle et je lui ai demandé "Maman, je peux prendre un petit caillou ?". Elle a hoché la tête d'un air suspect qui contrastait avec ses yeux embués.
J'ai donc observé tout ces cailloux et ai pris un petit, avec une forme bizarre mais tellement "mignon".
Il est devenu mon caillou, traînant dans ma poche quand tout va mal, sur mon bureau quand je vais bien, dans ma main certaines nuits et dans ma tête tout la journée.

Je sais que ça peut vous paraître bizarre que je me sois raccrochée à un caillou. Mais j'ai tellement l'impression d'avoir un bout d'elle toujours avec moi, c'est un peu glauque pour certains sans doute, mais ceux qui n'ont pas vécu ce que je vis, ne pourront jamais comprendre, ce besoin vital que j'ai de me raccrocher à toutes choses qui me rappelle Elle.

Le puit s'ouvre petit à petit, bien moins qu'avant, à moins qu'il ne me réserve une surprise. La façade "sourire kawaï" n'est pas encore revenue et j'essaie de tout mon coeur qu'elle ne refasse plus surface. Je ne m'accroche plus aux petits défauts de la vie quotidienne en ce moment, une réflexion de mon père, une mauvaise note, la pluie, le rhume. J'essaie d'être objective, dans la "positive attitude" de Lorie en espérant que le puit reste fermé et que le grand vide ne reviendra plus.

J'ai déjà commencé à planifier mon weekend pour éviter de trop penser vendredi... Jeudi soir je vais dormir chez mon Homme, ce sera déjà un bon début que de me réveiller dans ses bras. Vendredi ou samedi soir mon bout'd'bonheur est à la maison, mon P'tit Rat a du bien grandir. Il reconnait ma voix au téléphone, on verra en vrai un de ces soirs. Le reste du temps je pense le passer avec ma bande potes, je vais avoir besoin d'eux ce weekend.

Demain je vais voir Nannie, on va boire un coup en ville comme on le fait chaque semaine. C'est ma bouffée d'oxygène ces temps, elle me rassure sur le bac, et puis le temps qu'on a manqué et rapidement récupéré je trouve. On retisse des liens qui étaient à peine cassés, on se reaime comme avant, et on voit l'avenir, notre prochain voyage en Pologne et nos nuits pré-exam' ;)

Et, j'oubliais une chose importante, je garde une heure pour faire le voyage avec ma rose, toute seule pour la première fois... Je suis prête... Je l'aime assez et ma rancoeur s'est atténuée... Je peux aller la "voir" et lui déposer une rose rose avec mon petit caillou dans la main...